Voici le résultat d'une discussion toute fraiche avec Liyat : je ne sais pas bien d'ou lui est venue cette interrogation, mais c'est ma foi fort intéressant, et je voulais vous faire part de notre rêflexion. Vous êtes libre d'en juger, et bien sur d'en discuter...
LIYAT : que faut il savoir pour être un sage ?
LAMBEGUE : d'instinct, je dirai qu'il faut savoir ce que l'on sait et ce que l'on ignore
LIYAT : moi je dirais qu'il ne faut rien savoir et rechercher la connaissance
LAMBEGUE :donc du coup savoir ce qu'on ignore, donc ce qu'on sait, non ?
LIYAT : non pour moi c'est une démarche plutôt qu'un savoir qui fait qu'on est sage ou sot. on peut être sage et parfaitement ignorant
LAMBEGUE : sauf que la sagesse étant la recherche de connaissance, un sage sot, c'est un mauvais sage
LIYAT Pour moi la sagesse et la connaissance c pas pareil. Pour moi la connaissance c'est rien de plus qu'une somme d'information encodée dans l'esprit humain donc en soit très peu important : la sagesse, c'est la capacité d'un esprit a agir correctement, je rapprocherais la sagesse de la vertu
donc pour moi un sage ignorant, c'est un sage quand même
LAMBEGUE : pas pour moi, par ce que la connaissance est peut être juste une somme d'informations, mais c'est le matériau que la sagesse doit ensuite utiliser. En gros pour moi la sagesse, c'est savoir cuisiner, et la connaissance, c'est les aliments. Un cuisinier qui a rien pour cuisiner, il fait rien : un sage qui a pas de connaissance, sa sagesse n'a aucun moteur
LIYAT : il n'en est pas moins cuisinier
LAMBEGUE : oui mais il sert à rien
LIYAT : oui mais on cherche a savoir ce qu'est un sage, pas ce qui le motive. Du coup même si un sage a besoin de la connaissance il en est indépendant dans sa nature. Je veux dire qu'un sage ce n'est pas juste quelqu'un qui sait beaucoup de choses (d'ailleurs ce serait un sorite)
LAMBEGUE : hum certes. Mais dans ce cas je peux me prétendre comme un dresseur de licornes
LIYAT : non tu ne l'est pas
LAMBEGUE : il n'y a pas de licornes ; donc je peux très bien être dresseur de licornes, sans avoir rien à dresser
LIYAT : non puisque tu ne sais pas le faire. Si on reprends ton exemple de la cuisine
un chef cuisinier au Cameroun il a rien a cuisiner, pourtant il est quand même cuisinier. En gros pour moi le savoir est distinct du savoir faire
LAMBEGUE : il pourra pas le prouver, qu'il sait cuisiner
LIYAT : certes
LAMBEGUE : donc en soi il peut prétendre l'être sans l'être
LIYAT : oui mais je vois pas ou est le problème
LAMBEGUE : dans la mesure ou on a pas le matériau qui nous permet d'appliquer notre talent, on ne peut ni prouver qu'on a, ni prouver que l'on a pas ce talent : donc en soi on est dans une sorte d'état ou ce talent n'existe pas, il est dans une sorte de position de doute perpétuel. Pour moi c'est la même chose avec la sagesse : certes ce n'est pas la connaissance en elle même, mais sans la connaissance, il
est impossible de qualifier quelqu'un de sage, puisqu'il n'y a rien pour l'évaluer, puisqu'il n'y a aucune application à la sagesse
LIYAT : oui mais je ne vois pas le rapport avec notre discussion puisqu'on cherche a déterminer ce que doit savoir un sage a l'origine. On ne cherche pas a mettre en place un examen. Pour évaluer la sagesse il faut évaluer la vivacité de son esprit et sa capacité a faire les bons choix, donc indépendant du savoir. et qu'est ce que ça peut faire qu'il puisse mentir ? ce n'est pas notre affaire.
LAMBEGUE : je suis pas sur qu'on puisse faire les bons choix sans savoir
LIYAT : je pense que si. Ca dépends de notre nature, qui est forgée par notre expérience autant que notre savoir : donc théoriquement c possible
LAMBEGUE : l'expérience, c'est du savoir ; tu met ta main dans le feu, tu découvres que le feu brûle, ça te fait un savoir
LIYAT : du coup c'est distinct : le savoir est le fruit de l'expérience, mais le savoir en soi n'est pas l'expérience
LAMBEGUE oui, à moins qu'on admette des savoirs innés, mais dans le contexte...L'expérience mène au savoir
LIYAT : ça existe les savoirs innés, tu n'as pas appris a respirer
LAMBEGUE : ouais, mais je veux dire ça rentre pas en ligne de compte ici. Puisque les savoirs innés sont souvent aussi obligatoires, il y a pas de sagesse dans la respiration, vu qu'on a pas le choix
LIYAT : oui d'accord
LAMBEGUE : enfin tout ça pour dire que l'expérience mène au savoir. Mais pour moi le sage doit savoir ce qu'il ne sait pas. Par ce que, si face à un problème mathématique, il est persuadé de tout connaître aux maths alors que ce n'est pas le cas...
LIYAT : pour moi le vrai sage n'est pas celui qui sait résoudre le problème mais qui sait reconnaître ceux qu'il ne peut résoudre
LAMBEGUE : certes, mais s'il est persuadé de connaître les mathématiques, il sera persuadé de pouvoir résoudre le problème
LIYAT : non justement sinon il n'est pas vraiment sage
LAMBEGUE : Donc pour être sage, il ne faut pas qu'il soit persuadé de connaître ce qu'il ne connaît pas ?
LIYAT : il doit connaître ses limites
LAMBEGUE : donc connaître ce qu'il sait et ne sait pas, puisque ça fait partie de ses limites
LIYAT : oui d'accord la
LAMBEGUE : voila, donc on est d'accord^^
LIYAT : oui
LAMBEGUE : le sage doit savoir ce qu'il sait et ce qu'il ne sait pas.